L 'espace médiatique est dès la première élection
présidentielle de 1965 le lieu où se joue l 'élection.
Le général De Gaulle a failli l 'apprendre à ses
dépends.
Lui qui pensait faire une campagne d 'ancien régime sans avoir
besoin de s 'adresser directement aux français et se mettre ainsi
au même niveau que ses adversaires a dû descendre dans l 'arène
comme les autres pour s 'imposer au second tour.
Tous les candidats savent désormais que l 'élection présidentielle
se joue au moins autant sur le savoir-faire que sur le faire-savoir.
L 'introduction d 'un temps réglementaire d 'expression télévisuelle
pour tous les candidats a voulu niveler les candidatures, donner à
tous une même chance républicaine d 'accés aux électeurs
quel que soit leur poids estimé dans l 'électorat.
Pour que les français puissent aussi juger directement les idées,
sans les filtres potentiellement grossissants des moyens financiers ou
le prestige du parti ou du nom.
Chaque candidat va prendre en considération ce nouvel outil
et vouloir en tirer le plus de bénéfices.
Pour la campagne de 1965 tous les prétendants ont en mémoire
que l 'élection présidentielle américaine de 1960
s 'est jouée en partie sur un duel télévisé.
Avant se se lancer Françoic Mitterrand rencontre des spécialistes
qui secondèrent Kennedy dans sa campagne, les collaborateurs de
Lecanuet étudient minutieusement la grande confrontation Nixon-Kennedy
(1).
Pour la campagne de 1995, les candidats s' inspirent des cinq campagnes
précédentes, de leurs campagnes personelles, de leurs précédents
passages télévisés.
Mais même les plus habitués à la télévision
suivent une préparation spécifique comme Edouard Balladur
apportant sa propre table pour les enregistrements des spots réglementaires
parce qu il s 'était «entrainé avec» (2).
Cette égalité a créé une autre compétition
pour avoir la meilleure image, passer le mieux à la télévision,
trouver la distance idéale entre le candidat proche des français
et celui apte à représenter la France.
La campagne télévisuelle, par les sondages, enquêtes
d 'opinion, micro-trottoirs, invitation de français types face aux
candidats pour des débats ou la sanction directe de l 'audimat pour
juger du poids médiatique de tel ou tel prétendant, est aujoud'hui
au centre de l 'espace médiatique. La radio et la presse en particulier
gravitent autour de ce média.
Est-ce que cette compétition reforme un clivage visible entre
les candidats habitués et les candidats hors parti que l'égalité
de temps d 'antenne a voulu gommer?
Cela conduit-il à une impression d 'amateurisme pour ceux qui
n 'ont que deux semaines de préparation là où les
autres ont l 'expérience de plusieurs années et conseillers?
Est-ce que Marcel Barbu et Jacques Cheminade ont seulement accés
aux émissions réglementaires ou aussi aux débats médiatiques
et aux grandes émissions de campagne?
Ce chapitre répondra évidemment à ces questions
car il serait inconcevable de ne pas les traiter dans une étude
sur les aspects médiatiques d 'une candidature.
Mais ça sera pour mieux démontrer pourquoi la presse est
le média le plus pertinent. Ce qui permettra de déterminer
ensuite quel poids médiatique global a eu réellement la candidature
des prétendants hors parti. Quelle place ont-ils eu dans la presse,
comment ont-ils été intégrés dans le débat
médiatique ou quelle image ont eu les lecteurs de ces journaux des
candidatures hors parti? De façon concrète seront étudié
ces aspects des relations entre les candidats, la presse et les électeurs-lecteurs
qui permettront de répondre au mieux à des questions essentielles
:
A quoi cela sert-il d 'avoir su séduire cent et cinq cent élus,
élaboré un programme complet de gouvernement, d ' être
en adéquation avec des thèmes de la campagne si la transmission
du message ne se fait pas vers l 'électeur?
Ou dans quelle mesure un hors parti peut-il bénéficier
des mêmes courroies de transmission que les autres candidats?
Cette analyse de la campagne médiatique prend en compte et avale
les deux aspects traités précédemment : l'originalité
de Marcel Barbu et Jacques Cheminade et leurs idées.
C 'est cette partie qui au final démontrera dans quelle mesure
tous les éléments de leur candidature sont parvenus
jusqu 'à l 'électeur.