Chapitre3
Le candidat, le journaliste et l ‘ (é)lecteur


Pour arriver jusqu 'au lecteur, le message du candidat passe obligatoirement par le journal.
Mais cet intermédiaire n 'est pas neutre, il joue un rôle primordial dans la transmission et la perception du discours.
La presse est le média interférant par excellence, celui qui ajoute une couche supplémentaire au message, pour fournir des éléments d 'analyse aux lecteurs.
Mais pour des hors parti inconnus des électeurs, est-ce que la parole du journaliste ne couvre pas et n 'oriente pas celle du candidat en fonction seulement des caractéristiques du journal au risque de  modeler le message pour le faire entrer dans des cases de pensée déjà existantes?
Le journal Combat, en parlant de la candidature de Pierre Marcilhacy en 1965 explique ainsi le rôle tenu par le filtre journalistique : «au lieu d 'en faire un personnage, au lieu de donner à sa désignation à la candidature une ampleur et un poids indispensables , la presse l 'a ignoré » (1).
Les lecteurs ne bénéficiant pas d 'a priori ni de grille de lecture du message de Marcel Barbu et Jacques Cheminade, quel personnage, quelle ampleur et quel poids leur ont donné les journaux?
A partir de quels éléments et critères étudier la manière dont la presse a choisi de les présenter?
Il existe des signes directs, les plus importants et visibles, par lesquels les journaux avancent à visage découvert pour défendre ou attaquer les prétendants ou leurs idées, comme les éditoriaux ou les analyses de prestations télévisuelles.
Il y a aussi des signes indirects qui ont une influence réelle sur l 'électeur comme le choix d 'un titre, ou des adjectifs et références pour qualifier et classer ces prétendants.
Enfin le courrier des lecteurs et les reportages de réactions de téléspectateurs ou d 'électeurs ne sont pas à négliger non plus. Car non seulement ils permettent d 'étudier le retour des lecteurs sur la façon d 'analyser du journal mais ils l 'influencent aussi  par un effet certain d 'identification.
C 'est selon ces trois angles que ce chapitre déterminera comment le message est passé du candidat au journaliste et a été transformé pour arriver jusqu ' au lecteur électeur.
 

- Section 1 - Les signes directs de présentation du candidat à l '(é)lecteur

Les signes directs accompagnent et prennent dans un étau Marcel Barbu et Jacques Cheminade de leur déclaration à leur disparition.
Dès l 'annonce de leur engagement, la façon de les présenter, de juger de leur  utilité et des problèmes posés par leurs apparition est-elle déjà une indication sur la ligne directrice choisi par les journaux, si cette ligne existe et est bien droite?
Est-ce que les analyses sur leurs prestations télévisées, leurs déclarations ou leur programme ont fait varier cette appréciation initiale et dans quel sens?
Pour ce qui est de Marcel Barbu, les quotidiens ont deux grands points communs sur leurs réactions  lorsque le candidat est intronisé par le conseil constitutionnel.
Le premier est dû à la surprise même posée par sa candidature et les questions qu 'elle pose.
Aucun quotidien, aucun hebdomadaire n 'avait envisagé avant Marcel Barbu que l 'élection puisse servir de  moyen à un « simple citoyen » de devenir candidat (2).
Le Monde, L ' Express, Minute, Combat ont tous leur article pour comparer combien Marcel Barbu  aurait dû débourser pour parler à la télévision autant de temps ou pour réclamer une nouvelle loi électorale qui soit un réel filtre éliminant les imprévus (3). Le Monde propose par exemple de « demander trois cent signatures d 'élus répartis dans trente départements » (4).
Pour La Croix faire en sorte qu 'elle ne se reproduise pas est  même la principale utilité de cette candidature. La raison est exprimée sans détour : «le monde comptant beaucoup d ' incompris, nous risquerions la prochaine fois de voir deux ou trois candidats authentiques noyés sous un flot de Barbu »(5). Est-ce que le fait justement que cette apparition soit une surprise totale conduit dès les premières éditions la plupart des quotidiens à en conclure qu 'elle n 'est pas  normale, authentique ou  utile?
L 'autre trait commun est qu ‘ il n 'y a généralement pas d 'attente des déclarations du candidat ou de ses prestations télévisées pour qu 'une impression d 'ensemble se fasse jour.
L ' Aurore, Le Figaro, L ' Humanité et la Croix considèrent dès leurs éditions du 17 ou 18 novembre 1965 que Marcel Barbu est un postulant en trop (6).
Tous ces journaux  jugent que cette candidature n 'est pas inutile par rapport à ce que propose le hors parti mais en fonction de la structuration de l 'électorat français, comme si il n 'y avait pas de place pour un nouveau candidat quel qu 'il fût, ceux dans la place se répartissant déjà tous les électeurs.
Mais bien sûr il y a des nuances selon les journaux. Pour La Croix il y a « six candidats engagés dont deux ou trois de trop », pour L ' Aurore quatre candidats suffiraient « pour exprimer la diversité de l 'opinion français », selon Le Figaro «  seuls quatre candidats auront contenance aux yeux du corps électoral » (7). L 'Humanité a une position encore plus tranchée, jouant le second tour avant le premier :  « six candidats ? Non, deux. Les quatre autres candidatures semblent en effet fabriquées sur mesure pour mieux souligner celle de De Gaulle » (8).
Les autres journaux attendent les premières manifestations du candidat pour tirer des conclusions finalement aussi définitives et semblables.
Combat attend jusqu 'au 20 novembre et Le Monde jusqu 'au 23 pour annoncer qu ‘ « il n 'y a décidément que deux candidats de l 'opposition et non cinq» (9).
Mais il s 'agit plus du déroulement logique d 'une campagne où l 'écrémage se fait au fur et à mesure et non par la décision anticipatoire d 'un journal qui met déjà ses lecteurs en condition avant que Marcel Barbu fasse connaître le sens de son engagement.
Il reste à déterminer si la façon de le traiter est déjà tracée et ne va pas bouger.
Sa première prestation télévisuelle est généralement le grand tournant qui renforce les journaux dans leurs positions et amène à des conclusions irréversibles.
Les appréciations de tous les quotidiens et hebdomadaires quelle que soit leur tendance face à la  l 'apparition de Marcel Barbu à la télévision sont quasiment toutes négatives ou faussement neutres.
Confirmant d 'abord ce que les organes ont établi avant même qu 'il s 'exprime : Marcel Barbu n 'est pas un candidat mais bien un intrus.
Ils sont aidés par le principal intéressé qui lors de sa déclaration confirme bien qu 'il est là grâce à un petit trou dans la loi et non grâce à cent signatures comme les autres.
Aurait-il été influencé par les premières déclarations des journaux pour affirmer cela à la télévision ou en aurait-il eu conscience autrement?
Impossible à dire mais cette intrusion avouée fut le principal point d 'analyse de la presse qui prit un ton allant de l 'ignorance arrogante à une certaine violence.
L ' ignorance arrogante de L ' Humanité dont le seul compte-rendu de son apparition fut trois lignes : « nous ne parlons pas de M Barbu sinon pour déplorer que le système électoral gaulliste puisse permettre une exhibition aussi affligeante visiblement destinée à discréditer le suffrage universel » (10). La Nation va dans le même sens mais évidemment sans en accuser le général et avec plus de sobriété : « on dit que M Barbu déconsidérait l 'affaire. C 'est effectivement vrai et l 'on prendra sans doute des dispositions pour qu 'un candidat de ce  genre ne puisse plus se présenter» (11).
Le journal Combat est sans contestation le plus péremptoire sur les conséquences de cette loi bâclée faisant de Marcel Barbu un homme ridiculisant son statut de candidat : «ce n 'est pas tant la personnalité des candidats qu 'il faut mettre en cause, que le principe retenu pour le mode d 'élection du président de la république. Ce qui a été ridiculisé c 'est également la fonction du président de la république. On a vu sur l ' écran un admirable illusionniste [Tixier–Vignancour] et un pantin grotesque. Ils sont candidats à la présidence de la république» (12).
Sur la forme, le discours de Marcel Barbu et sa façon de s 'adresser aux électeurs tranchent réellement par rapport à ses opposants (13). Les commentaires suivent généralement celui de France-Soir  se contentant de décrire sans avoir besoin d 'en dire davantage : « il lit un texte dans lequel par trois fois il s 'est perdu (...) Pas de formules empruntées, ni de style pompeux» (14).
Seul Le Figaro a un positionnement original, ne cherchant pas à mettre l 'élection présidentielle au niveau de Marcel Barbu  mais plutôt l 'inverse.
Sur l ‘ aspect de son discours d 'abord, son amateurisme est presque vu comme un avantage par rapport aux autres, même si cela le rend sympathique plutôt que légitime ou sérieux : « il a l 'air d 'un amateur. Cela ne fait pas sérieux. Mais justement si, c 'est précisément cela qui fait sérieux. Le fait de ne pas être orateur, de ne pas y prétendre, de lire en partie son discours, d 'hésiter, d 'accrocher, de prendre son temps sans arrière-pensées d 'effets suscite l 'attention, provoque une certaine sympathie » (15).
Mais surtout ce quotidien est le seul à lui demander de se comporter en candidat et donc de présenter un vrai programme de gouvernement : «de programme, il ne fut pas question hier soir. Peut-être nous le présentera-t-il dans une prochaine émission. Si programme il y a» (16).
Plusieurs journaux cantonnent déjà le candidat, parfois dès son apparition, dans le rôle de l 'intrus. Sa première émission télévisée ne fait donc qu 'entériner cette impression.

Sa deuxième allocution est celle du tournant, c 'est le moment où il prend sa candidature au sérieux, où il annonce un programme.
Ce changement  a-t-il contribué à faire changer la presse d 'avis ou le sillon de sa perception est-il déjà trop profond pour que la presse prenne elle aussi sa campagne au sérieux?
L ' Humanité dans la retranscription de cette deuxième émission ne rapporte même pas le moment où il indique son évolution, La Nation l 'accompagne seulement d 'un  «(sic!)» ironique (17).
Les autres journaux  ne donnent pas à Marcel Barbu un nouveau statut de candidat, n 'écrivent pas un mot d 'analyse sur ce changement et ne lui donnent aucune ampleur.
Il semble que son positionnement était déjà trop net, car seulement Minute et Le Figaro relaient réellement ce changement de cap. Le Figaro qui réclamait un programme se félicite enfin que le candidat l 'évoque en regrettant qu 'il ne le dévoile pas : « mais le programme? Et bien ce n 'était pour hier qu 'un horaire. Un rendez-vous pour les prochaines émissions radiodiffusées et télévisées de l 'orateur, qui mûrit soigneusement ce qu 'il proposera aux électeurs. Attendons encore quelques jours pour savoir comment il entend asseoir son programme » (18). Quant à Minute qui l 'avait rangé et cloisonné dans le rôle du candidat publicitaire, ce revirement est très mal perçu et est même dénoncé comme anormal : «ce qui paraît inquiétant (...) c 'est son « virage » de mardi soir. Quand il eu l 'air de prendre au sérieux (...) il risque de sombrer dans le ridicule. Bravo, monsieur Barbu! (...) Vous avez réussi votre coup. Quand vous aurez bien expliqué votre petite affaire, ne nous parlez plus de l ' Elysée» (19).
Les autres journaux ne sont pas aussi francs que Minute et ne révèlent pas à leurs lecteurs que le candidat échappe au rôle que la presse lui a confié. Jusqu 'au premier tour il conserve généralement son visage à une face de citoyen arrivé dans l 'élection par un hasard de la loi pour révéler ses problèmes particuliers.
A la veille du premier tour La Croix explique très clairement cette utilité de Marcel Barbu dans la campagne : «  il n 'aura peut être pas été tout à fait inutile de sacrifier quelques heures d 'antenne et quelques millions d 'anciens francs de papier au profit d 'un citoyen désireux de dire comme n 'auraient su le faire aucun vrai candidat ce que beaucoup pensent des routines et des tracasseries d 'une administration souvent sans âme »(20).
France-Soir, L 'Aurore et Le Parisien ne le présentent pas différemment. Par le faible nombre d 'analyses présent dans ces journaux sur sa candidature, la première impression est aussi la dernière. Ainsi dans sa dernière édition avant le premier tour France-Soir indique simplement à ses lecteurs que Marcel Barbu : «semble avoir essentiellement voulu en se présentant attirer l 'attention du public sur les difficultés que rencontre son association de logement en conflit avec plusieurs municipalités de la région parisienne »(21).
L ' Humanité et La Nation par leur aspect partisan, ne lui donnent pas un poids ni un écho journalistique. Le journal gaulliste arrivant aux même conclusions que La Croix et le quotidien  communiste, faisant preuve d 'un relatif manichéisme, transforme la coupure entre De Gaulle et l ‘' opposition en une nouvelle entre  le candidat de la gauche et ceux du gaullisme, faisant ainsi de Marcel Barbu un candidat qui soutien le général. Ainsi il suffit que La Nation reconnaisse simplement que Marcel Barbu est «manifestement sincère » pour que ce soit perçu par L ' Humanité comme de la « propagande en faveur de M Barbu »(22).
Le Figaro lui témoigne bien un intérêt et une tentative de le hisser au même niveau que les autres candidats. Mais cette intention s ' accompagne toujours d ‘ un paternalisme bien peu bénéficiaire pour Marcel Barbu. Cette double présentation se résume parfaitement dans cette phrase : « personnellement j 'avais éprouvé une certaine sympathie pour le candidat le plus modeste et le moins intoxiqué par l 'éloquence. Je voulais encore l 'encourager comme on encourage un petit coureur de 10 000 mètres deux fois doublé par les champions , qui continue malgré son essoufflement visible » (23). Il y a cette impression que l 'encourager ou répercuter ses idées n 'engage pas politiquement le journal et représente pour ainsi dire une bonne action.
Restent Le Monde et Combat, les deux journaux où Marcel Barbu a le plus de surface, les deux seuls aussi a avoir consacré de vrais articles partisans sous la forme de deux longues tribunes libres (24). L 'article paru dans le Monde écrit par la directrice du journal « Révolution syndicaliste » aux convictions humanistes  proches de celles du candidat, retrace son parcours professionnel en insistant sur ses idées communautaires avant de conclure plus par un souhait incantatoire que par un pronostic : « la voix des sans voix (....) pourrait peut-être bien le cinq décembre éclater comme un coup de tonnerre oublié. Si cela arrivait, ça serait beau. Et pourquoi pas? » (25).
Mais hors de cet article qui assurément donne un réel poids à Marcel Barbu, présentant sa campagne dans la continuité presque logique de son parcours idéologique et non comme une intrusion d 'un promoteur immobilier se battant aveuglément contre l 'administration, le journal a globalement suivi la ligne éditorial des autres, le laissant au niveau du candidat  anecdotique qui  « n 'est pas tout à fait un fantaisiste »(26).
L 'article de Combat est un savant mélange d'analyse pertinente de la façon dont Marcel Barbu a été traité par les médias et d 'hagiographie. Dans ses attaques il touche souvent juste. Remarquant sur les origines populaires du candidat qui ont été si préjudiciables dans son traitement journalistique : «on voit mal pourquoi un industriel candidat à la présidence de la république serait moins réaliste en politique qu 'un avocat candidat ou un général candidat»(27).
Le mode d 'opération des journalistes pour le présenter est analysé ainsi : « au lieu de chercher à comprendre l 'expression d 'une pensée neuve, ces chroniqueurs 'efforçaient de saisir ici ou là tel ou tel détail leur permettant de classer le candidat communal dans leurs catégories politiques habituelles. De là leur colère et leur volonté de négation » (28).
L 'ampleur de sa candidature est mise en perspective : « les conditions de la candidature de dernière heure de M Barbu en font dès maintenant une performance unique dans les annales de la vie politique française. Par ailleurs aucun spécialiste n 'oserait prétendre que cette performance là se trouvait à la portée de n 'importe quel chien battu » (29).
Il y a là de vrais points d'un débat qui ne se fera pas.
Aucun autre article, aucun autre journal n 'élèvera les mêmes protestations ni les contestera. Ce qui est peut être dû au fait que cet article de Combat est écrit après le premier tour et que l 'actualité du second  a chassé les vaincus. Mais la non-répercussion de ces critiques tient sûrement aussi à l 'article lui-même. Car ces appréciation sont contrebalancées par une présentation trop valorisante qui fait passer les remarques plutôt objectives pour partisanes tant l 'article est orienté en faveur de Marcel Barbu. Si bien que l 'impression générales noie les critiques raisonnable sous la passion du rédacteur.
Sur ses années de résistance il y a cet extrait déjà cité dans la première partie de ce mémoire :  «trois mois durant il devait faire régner l 'ordre, empêcher le pillage, ramasser les cadavres, soigner les blessés, assurer le ravitaillement de la population », son maquis du Vercors est comparé aux  « kibboutz israéliens de la frontière jordanaise »(30).
Son programme est jugé « concret, réaliste, réalisable immédiatement », et l 'article conclut notamment par : « M Marcel Barbu devra maintenant prouver à la nation qu 'il est bien cet homme d 'action et ce penseur politique dont la forte personnalité n 'a jamais été discutée » (31).
Contrairement à Le Monde dont la tribune libre est un signe de la pluralité politique du journal plus que d 'un traitement réel, Combat est le seul quotidien ou hebdomadaire au cours des deux semaines de campagne à donner du sens a sa candidature.
D 'abord en lui ouvrant un espace dépassant le cadre réglementaire et réalisant dans son édition du 29 novembre 1965 un vrai travail journalistique, lui consacrant une page entière et cinq articles avec  une entrevue, la seule publiée tous journaux confondus, un portrait, son programme, un reportage et une analyse (32).
Mais surtout là où les autres journaux considèrent que Marcel Barbu est en trop par rapport à la structure et à l 'échantillon des tendances politiques, Combat attaque sa candidature sous un angle précis pour lui donner un parti, une ambition et même un électorat.
Le déclic a lieu lors de la première intervention télévisée du prétendant lorsque celui-ci annonce qu 'on veut le faire taire et  que le ministre de l 'intérieur souhaite  lui régler son compte. Par cette intervention Marcel Barbu devient pour Combat « le candidat de l 'immense parti des persécutés » (33).
Les autres interventions, la prise au sérieux de sa candidature ne changeront plus cette catégorisation et vont au contraire servir au journal pour la développer et l 'approfondir au cours de deux grandes analyses publiées le 21  et le 29 novembre 1965 qui servent de ligne éditorial pour le traitement de sa campagne. La première analyse pose les bases  estimant que «M Marcel Barbu porte sur le devant de la scène politique le grand combat (...) contre les « Ils » (...) Mais M Marcel Barbu est là pour vous défendre (...) Le grand parti des persécutés va s 'unir. La constitution de la cinquième république a ouvert les profondeurs psychiatriques de la France » (34).
Mais la seconde analyse n 'est plus du tout ironique. A l 'approche de l 'élection sa candidature est désormais théorisée. D 'abord avec une cause très précise à son apparition qui ne vient pas de la volonté de Marcel Barbu de se présenter mais de De Gaulle: « M Barbu est une créature du règne gaulliste parce que c 'est le général De Gaulle qui en réduisant à l 'impuissance les intermédiaires politiques traditionnels a ouvert la scène nationale à l 'inexorisme , à l 'inexprimable » (35).
Ensuite avec un électorat à l 'image que le journal s 'est fait du hors parti : «M Barbu est dangereux. Malhabile, hésitant, isolé il est fort parce qu 'il suffit de se faire reconnaître par les malhabiles, les hésitants, les isolés et de les rassembler pour en faire une force»(36).
Enfin dans une envolée lyrique et catastrophiste sur les conséquences de sa candidature : «le général De Gaulle a joué un mauvais tour à la communauté des maîtres de l ' Histoire à laquelle il appartient :  il a amené M Barbu qui est peut être Spartacus et qui peut être bien pire encore, parce que les esclaves à qui l 'on n 'avait jamais fait de promesses étaient peut être moins redoutables que ces humiliés à qui l 'on a tout promis» (37).
Pour ce candidat qui n 'était pas prévu  et qui n 'a pas de parti existant, le journal a trouvé logique d ' inventer un parti qui est comme lui dans la foule et qu 'il rassemble non  par ses qualités mais ses défauts en comparaison des autres prétendants.
Il y a là l' image du journaliste qui voit le peuple de haut et pense qu 'il existe des français cachés qui « sont sans nom, sans nombre, on ne sait pas qui ils sont, où ils sont : ils sont innombrables dans la France déshéritée. Ils sont dissimulés parmi les français modestes»(38).
Il est également frappant c 'est que ce journal reprochait à Marcel Barbu son combat contre les « Ils »  du pouvoir en les remplaçant par les « Ils » du peuple, offrant un jeu de miroir troublant et ouvrant là aussi les profondeurs psychiatriques de la France dont l 'analyse dépasse le cadre de cette étude.
Les articles publiés par Combat s 'accompagnent au final d 'un vrai traitement de fond sans pour autant offrir un soutien réel à Marcel Barbu .
C 'est le seul journal à avoir réellement donné un sens journalistique et amené vers l 'électeur autre chose que la parole brute du candidat en étant parti d 'une de ses déclarations et non d 'a prioris  même si au final la théorisation a sûrement été trop poussée.
Pour ce qui est de l 'ensemble des quotidiens et hebdomadaires les signes directs ont clairement identifié le hors parti  en avançant  à visage découvert par les éditoriaux et analyses.
Globalement la presse n 'a pas montré de réel intérêt, n 'a pas pris de grandes positions.
Le fait que  Marcel Barbu se présente comme le candidat du logement et reconnaisse son intrusion par un défaut de la loi ont été déterminants dans son traitement journalistique.
Est-ce que les journaux en 1995 ont publié des analyses directes aussi claires et généralement uniformes sur Jacques Cheminade ?

En premier lieu, sa déclaration de candidature n 'a pas soulevé les mêmes polémiques. Aucun journal n 'a demandé une réforme de la loi électorale supplémentaire à celle de 1976 qui avait pour but que l 'élection ne se transforme pas selon l 'expression d'Alexandre Sanguinetti en « concours Lépine de la politique » (39).
A cela une raison principale quasiment reprise par tous les journaux et que résume bien Libération : « Jacques Cheminade a réussi là ou l 'écologiste Antoine Waechter et le régionaliste Max Siméoni ont échoué » (40). Le filtre a donc marché car même une personnalité politique nationale reconnue n 'a pas pu atteindre le quorum indispensable.
La question qui se pose pour 1995 n 'est pas de trouver une solution pour éviter qu 'à l 'avenir un candidat inattendu puisse concourir mais plutôt de comprendre par quels moyens Jacques Cheminade a pu réussir à obtenir l 'accord de cinq cent élus dont aucun ne représente ouvertement son mouvement .
Sur le fond, le fait qu 'un prétendant n 'ayant pas participé à la pré-campagne médiatique puisse participer à la campagne électorale pose toujours des interrogations aux journalistes.
Comme si il était anormal que la légitimité et l 'intronisation ne puisse venir que des parrains sans passer par eux. Ainsi que l ‘ écrit Le Monde : «un inattendu, enfin, a déclaré être parvenu à se glisser dans le club des candidats » (41).
La liste des candidats est bien d 'après la presse un club ou une caste où les billets d 'entrée doivent être fournis par la sphère médiatique.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le jugement sur Jacques Cheminade est le même que sur Marcel Barbu. Le  nouveau postulant est  un candidat publicitaire. Comme si l 'ambition d 'un hors parti ne pouvait pas être de nourrir le débat politique, d 'apporter une voix différente sans pour autant être accusé de vouloir profiter de cette tribune pour accroître seulement sa notoriété et celle de son mouvement . Ce qui n 'est évidemment pas le cas des autres candidats, petits ou grands.
France-Soir et le Parisien présentent clairement sa candidature sous cet angle publicitaire dès l 'ouverture de la campagne officielle (42).. Le Figaro, Le Monde et encore Le Parisien ne la présentent pas différemment à la veille du premier tour (43).
Est-ce la campagne qui a donné raison au Parisien ou est-ce la ligne éditoriale qui était déjà tracée?
Le Parisien est aussi le seul à faire remarquer que Jacques Cheminade a été le premier à déposer les cinq cent signatures, les autres quotidiens ne voulant peut-être pas avoir à se justifier de leur mutisme entre le vingt mars et le sept avril.
En 1965 les journaux avaient été pris de court par Marcel Barbu. Cette fois ils ont eu deux semaines supplémentaires potentiellement  mises à profit pour préparer la façon dont ils présenteraient le hors parti. Allaient-ils comme le souhaitait Jacques Cheminade au moment de son engagement le présenter comme le candidat de ses idées ou au contraire celui de sa biographie? Comme indiqué dans le chapitre précédent, la plupart des articles le concernant ont été moyens ou longs et n 'ont été, comme pour Marcel Barbu, que dans une faible proportion consacrés à son programme.
Marcel Barbu est essentiellement présenté aux lecteurs comme le promoteur immobilier en butte contre l 'administration et le pouvoir venu dans l 'élection dénoncer le problème du logement.
Quels qualificatifs d 'ensemble ressortent des analyses publiées sur Jacques Cheminade?
L 'hebdomadaire L 'Express synthétise admirablement quels ont été les sujets de traitement médiatiques de sa campagne : « entre sa condamnation pour vol, ses amitiés étranges, ses organisations bigarrées et les regrets de certains des maires qui lui ont apporté leur parrainage, le candidat de la Fédération pour une nouvelle solidarité (FNS) s’expose aux questions dérangeantes » (44).
Tels ont été en effet les thèmes quasiment exclusifs de toutes les questions, enquêtes et  reportages consacrés au candidat.
Jacques Cheminade est présenté de la même façon par tous les journaux qui lui vouent tous les mêmes articles sur ses cinq cent signatures, sa condamnation pour vol,  son mouvement mystérieux et ses relations avec Lyndon LaRouche .
Il est indéniable que sur tous ces aspects un véritable travail journalistique a été effectué pour présenter le plus complètement possible aux électeurs ce candidat inconnu. Libération ou Le Monde ont par exemple réalisé des enquêtes très complètes et concordantes pour démontrer la façon dont il a obtenu ses signatures (45).
Jacques Cheminade ayant eu un mutisme complet sur sa condamnation pour vol, les journalistes ont pleinement rempli leur rôle en dévoilant son passé qui est un des critères que les électeurs peuvent légitimement prendre en considération au moment du vote.
Bien sûr comme en 1965 il y a eu des nuances selon les caractéristiques de chaque journal qui ont parfois contribué à ne le présenter que sous l 'aspect du dissimulateur ou de l 'obscur. Là où France-Soir consacre un renvoi d 'article en une vers un article très complet de trois colonnes sur une demi page sur sa condamnation à de la prison avec sursis, L 'Humanité la traite presque comme un fait divers de petit malfrat avec une brève de cinq lignes publiée à côté de l 'agression d 'un élu communiste en Corse (46).
Sur le caractère sectaire de son mouvement, La Croix, comme la plupart des journaux, est prudente reconnaissant qu ‘«à l 'association de défense de la famille et de l 'individu ( ADFI) qui lutte contre les sectes, on surveille d ' ailleurs les activités de Jacques Cheminade. « On s 'est intéressé à lui car certains termes font « tilt ». Mais nous n 'avons aucune preuve du caractère sectaire du mouvement », reconnaît un responsable» alors que Charlie Hebdo annonce simplement par un ton informatif excluant la discussion que « pour la première fois un représentant des sectes sera candidat à cette élection en France » (47).
Concernant les parrainages, Infomatin croit utile d 'ajouter  que « les mauvaises langues prétendent qu 'il a su convaincre a coup d 'arguments sonnants et trébuchants  certains des 543 maires » (48).
L 'information n 'est pas prouvée et n 'est reprise par aucun autre journal mais l 'effet volontaire ou non est de semer le doute chez le lecteur.
La grande différence avec le traitement journalistique de 1965 est que ces enquêtes n 'ont été suivies que de très peu d 'analyses sur le candidat, l 'exposé des faits a visiblement été suffisant et directif pour le lecteur sans que les éditoriaux ou  les billets d 'humeur aient besoin d 'en rajouter.
Tous journaux confondus il n 'y a eu que deux véritables (courtes) analyses sur sa campagne. Si elles ont été rares, elles n 'en ont pas moins été très directes et surtout révélatrices sur la façon dont les hebdomadaires et quotidiens ont décidé de traiter Jacques Cheminade.
La première est un éditorial en première page de Philippe Bouvard dans  France-Soir sur l 'ensemble de sa candidature, la seconde une analyse par Arnaud Viviant de ses prestations télévisuelles qui offrent les mêmes angles d 'attaques (49).
Sur le poids du candidat il est qualifié par France-Soir de « candidat zéro » et par Libération de  « non-candidat candidat » (50).
Sur l 'influence présumée de son poids électoral dans son traitement médiatique, Arnaud Viviant montre une ironie qui n 'est sans doute pas loin de la vérité : « tous les journalistes le détestent  Jacques Cheminade. Ils lui font perdre leurs temps précieux. Les nouvelles attendent : un ferry-boat coulé, un match du PSG, une nouvelle tentative de record en catamaran, qu 'est-ce qu 'il croit avec 0,5 % d 'intention de vote? » (51).
L 'éditorial de France-Soir est encore plus clair sur les trois éléments du  cercle vicieux médiatique que doit affronter Jacques Cheminade : « inconnu au bataillon politique, n 'intéressant rigoureusement personne, crédité d 'une absence totale d 'intentions de vote »(52).
Evidemment le candidat hors parti étant inconnu, il ne peut être crédité que d 'une absence d 'intentions de vote en s 'engageant, il y a là une logique indiscutable.
Mais il y a un pas avoué dans cet éditorial et un certain amalgame que les analystes ont fait et franchi sur la différence entre la non connaissance et le manque d 'intérêt dont la corrélation n 'est pas évidente.
C 'est aussi du ressort du journaliste que de relayer un candidat, même si il est inconnu et surtout si il est inconnu, et de ne pas décréter une semaine seulement après l 'acte de candidature et surtout une semaine avant les résultats des urnes que Jacques Cheminade est un « zombie du suffrage universel »(53).
Est-ce que cette transmission et présentation vers le lecteur électeur par le journaliste ne s 'est effectivement pas faite?
Sur le candidat il y a eu un réel intérêt et une volonté quasi unanime de le faire connaître avant le premier tour par des enquêtes et des articles parfois très approfondis sur ses parrainages ou son mouvement.
C 'est sur la candidature que ces quelques lignes d 'éditorial prennent tout leur sens et se confirment dans les faits.
Une étude d 'ensemble et de chaque journal confirme que la presse n ' a  absolument pas relayé ses idées, n 'a  pas donné d ' ampleur ni contribué à éclaircir le message du président de la fédération pour une nouvelle solidarité.
Surtout  Jacques Cheminade n 'a pas été victime d 'un mutisme, comme l 'avait été le tournant de la campagne de Marcel Barbu, mais les journaux volontairement ou non, ont présenté son programme  comme incompréhensible pour eux, qui pourtant sont au coeur de la transmission compréhensible des idéologies politiques de tous bords.
Les rares commentaires sur les émissions télévisées réglementaires sont à cet égard éclairants.
Le Figaro se demande « où veut en venir le plus obscur des candidats? » et ce n 'est pas Infomatin, Le Parisien, ni même le Monde qui sont disposés à répondre (54). Pour le quotidien d ' André Rousselet : «plus il parle, moins on comprend où il veut en venir », Le  Parisien emploie le ton du téléspectateur circonspect : « au fait, il veut dire quoi exactement, le monsieur Cheminade? », le journal de référence enfin, habitué au déchiffrage politique est aussi dérouté mais tente de se rassurer par un laconique  «on comprendra sûrement plus tard »  (55).
Est-ce que cette incompréhension allait conduire les journaux à employer les mêmes longueurs de colonnes pour tenter d ‘expliquer cette idéologie hermétique que celles déployées pour sa condamnation pour vol?
En réalité, ce qui a surtout intéressé la presse c 'est de savoir si Jacques Cheminade était de gauche ou de droite. Contrairement à 1965 où la coupure était entre De Gaulle et ses opposants, en 1995 il y a eu un besoin de classer l 'inconnu du bataillon politique dans les cases déjà existantes.
Malheureusement l 'éventail de ses références politiques ne rend pas les choses aisées.
Où classer un candidat qui se réclame de Jaurès et De Gaulle en rejetant leurs héritiers?
Ses amitiés avec Lyndon LaRouche ont fait classer prudemment son mouvement proche de l 'extrême droite, pas de manière officielle mais par des ficelles journalistiques visibles, comme l 'illustre cet extrait de Libération : « si Jacques Cheminade se défend d 'appartenir à l 'extrême droite (...), il se proclame dans sa profession de foi ami et collaborateur du dirigeant politique américain» (56).
Mais l 'opposition revendiquée de la part du candidat à toute idéologie de sang, de race et de sol et ses déclaration réitérées sur l 'obsolescence de la coupure droite / gauche n 'ont pas facilité la mise d 'une étiquette. Les journaux ont donc dû se contenter de le déclarer inclassable, comme en conclut Charlie Hebdo il est le candidat  « des trotskistes libéraux d ‘extrême droite » (57).
Un des effets est aussi de montrer qu 'il n 'a pas d 'électorat pour le soutenir. Jacques Cheminade n 'a pas eu son journal Combat pour lui inventer un parti des persécutés.
Une fois ce positionnement politique général établi, les analystes ont-ils été  tentés d 'entrer dans le détail de son programme ?
La réponse est non. Ils ont globalement suivi l 'exemple du Monde : « après avoir lu des centaines de pages signées LaRouche et Cheminade, un observateur attentif ne peut que s'interroger sur l'idéologie que les deux hommes disent partager» (58).
Il n 'est pas question de discuter ici en un mot de la complexité ou non du discours de Jacques Cheminade, les chapitres précédents ont déjà pu donner des indications.
La presse a fait du mot « complexe » l 'adjectif principal pour décrire son programme ce qui a formé une barrière facile pour ne pas essayer de décrypter ce discours et en démêler les fils.
L 'exemple de la Croix est très significatif, annonçant sur une même page que son programme est « un joli fourre-tout idéologique », et en même temps que le candidat a publié deux programme thématiques sur l 'agriculture et l 'espace dont le journal n 'a aucun mal à extraire des propositions concrètes jugeant même son programme spatial « très détaillé » (59).
De même Le Figaro en comparant les programmes de tous les candidats point par point annonce notamment que pour le SIDA, l'éducation et les salaires Jacques Cheminade ne fait pas de propositions significatives, ce que contredit sans contestation sa profession de foi(60).
En fait il a eu le même problème que Marcel Barbu, la forme et l 'emballage de son discours ont  été rédhibitoires.
Mais là où le candidat de 1965 tranchait par son ton simple et familier, pour celui de 1995 c 'est plutôt l 'inverse. Arnaud Viviant dans son analyse le qualifie de « serviette-éponge dialectique sortie de l ' ENA » (61). Il est vrai que la façon de s 'exprimer du candidat est largement influencée par son passé d 'énarque Et pour certains journaux la tentation a parfois été trop forte de relayer le discours du candidat sous sa forme la plus caricaturale. Comme Libération présentant en titre de transition d 'un article cette phrase comme un de ces arguments de campagne : « la désertification des campagnes est dûe aux mouvements  spéculatifs sur les marchés dérivés , créant un risque systématique absolu » ou Le Monde indiquant qu 'il s 'est présenté pour  « s'élever contre le darwinisme social » (62).
Les journalistes annoncent à leur lecteurs qu 'ils ne comprennent pas ses prestations télévisées, que son discours est un fourre-tout idéologique qui s 'accompagne en plus d 'une façon de parler trop technique. Si ces constatations se basent sur des éléments réels, elles s 'accompagnent aussi d 'un vrai  renoncement des analystes pour essayer de creuser plus profond et parfois d'une certaine mauvaise foi dans le choix des informations et des exemples cités aux lecteurs.
Et si la presse semble ne pas pouvoir présenter de façon claire son discours et son programme,  comment le lecteur pourrait essayer de s 'y retrouver?
Il en ressort, comme pour Marcel Barbu, que les journalistes ont fait de Jacques Cheminade plus un personnage qu 'un candidat à cause de la disproportion entre le traitement de l 'homme et celui de ses idées. Il est vrai aussi que le lecteur et le journaliste montrent naturellement plus d 'intérêt à écrire et lire un article qui démontre les méthodes du hors parti pour séduire cinq cent élus qu 'à l 'exégèse de ses arguments de campagne.
Au final se forme par le même angle légitime choisi par les journaux pour le présenter, un personnage à une facette bien loin de la relation qu 'il aurait sans doute aimé avoir avec les lecteurs. Il est et reste tout au long de la campagne le dirigeant d 'un groupuscule sectaire aux amitiés douteuses qui a obtenu les signatures nécessaires de façon intellectuellement frauduleuse.
L 'effet d 'intrusion n 'a pas les mêmes causes qu 'en 1965, il n'a pas profité de la loi mais de la crédulité des parrains, mais existe bien. Ses idées présentées comme incompréhensibles en rajoutent encore sur l 'effet de candidat « trouble et sinueux » (63).
Au total les signes directs par des analyses frontales du candidat ont été moins utilisés qu 'en 1965. Mais dans le traitement de l 'information, dans le choix des thèmes pour le présenter, le lecteur est déjà clairement orienté et informé sur la ligne éditoriale choisie par les journaux, qui a de très rares exceptions est la même.
Est-ce que les signes indirects ont confirmé voire amplifié ces présentations de Marcel Barbu et Jacques Cheminade  ?

RETOUR / SUITE