- Section 2 - Caractéristiques du changement et nouvelles propositions
Comme le chapitre précédent l 'a indiqué, avant
même d' être un candidat sérieux, Marcel Barbu avait
ajouté à sa dénonciation des scandales de la construction
une ébauche de réquisitoire contre une société
aliénante et un playdoyer pour une communauté plus humaine.
La récolte de ce programme qui mûrit comporte-t-elle
les fruits de cette constatation?
Comment mettre concrètement «le pouvoir et son administration
au service de l 'Homme» (15)?
Comment créer des structures «où l 'honnêteté
deviendra la suprême habileté » (16)?
Comment «établir le dialogue entre la population
et ses gouvernants» (17)?
En préambule de sa profession de foi il reconnait que «ces
nobles pensées, nous les retrouvons à la base de tous les
programmes, mais ce ne sont que mots creux et attrape-nigauds s’ils ne
sont assortis des moyens précis de les incarner dans les faits»
(18).
Pour éviter cela il présente successivement aux électeurs
des mesures concrètes selon une démarche qu 'il juge en rupture
avec celles des autres candidats : «il s’agit donc non seulement
de présenter ce que l’on rêve de faire ... cela, tout le monde
s’y entend. Il faut surtout exposer comment, par quels moyens on compte
réaliser le programme ... et de cela, bien peu de candidats s’inquiètent»
(19).
Pour chaque mesure qu 'il va proposer il s 'attache à définir
par quels voies et moyens y parvenir.
Durant la dernière semaine avant le premier tour, il amène
un véritable programme inscrit dans sa profession de foi, expliqué
aux journalistes, mais le relais prinicipal se fait sur trois propositions
très concrètes.
Des propositions symboliques de son positionnement idéologique,
de sa conception du pouvoir et de la démocratie qui trouvent toutes
leurs sources dans son expérience personelle et les difficultées
qu 'il a rencontrées.
La première, celle qu 'il juge la plus importante est la création
d 'un ministère des droits de l‘ homme.
Non pas un ministère symbolique mais un vrai ministère
avec de réelles atributions.
Une création qui s 'accompagne de la ratification par la France
de la déclaration universelle des droits de l 'homme
La tâche générale de ce ministère peut encore
sembler utopique quand le candidat déclare que son but est de de
«sauver l ‘homme et la collectivité en perdition, d ‘arbitrer
les conflits entre les particuliers et l ‘administration centrale et d
‘organiser les recherches de structures nouvelles économiques et
sociales» (20). Moins pompeusement Marcel Barbu veut créer
ce ministère pour «protéger les administrés
contre les administrations» (21). Il veut donc éviter encore
une fois que d 'autres Marcel Barbu aient à se présenter
à l 'élection présidentielle.
Bien sûr, il peut paraître paradoxal voire absurde de vouloir
créer un ministère particulier qui serait du coté
des administrès alors que l 'administration est constituée
du personnel dépendant des autres ministères.
Creer un tel ministère serait reconnaître à l 'intérieur
du pouvoir que les autres relais de l 'etat ne sont pas au service du peuple
et qu 'il faut donc un garde-fou officiel, conception assez
inconcevable mais qui ne dérange pas Marcel Barbu visiblement.
Cette déclaration d 'intention s 'accompagne en effet de moyens
très concrets : «ce ministère devra installer des délégués,
même bénévoles, dans toute la France, à raison
de un par dix mille habitants»(22).
C 'est-à-dire la création de préfets du peuple
en quelque sorte dont la tâche n 'est néanmoins pas précisée.
En plus ce ministère «aura compétence tant pour juger
de l’opportunité de son intervention que des moyens à employer,
même si ses décisions s’opposent à celles d’un ou plusieurs
autres ministères, voire même à la lettre de la loi
ordinaire» (23).
Ce ministère devant en plus être « exercé
par un vice président de la République, élu au suffrage
universel, en même temps que le président de la République
et pour la même durée», le programme de ce candidat
à un ministère des droits de l' homme avec autant de prérogratives
et si peu de contraintes connaîtrait sans doute quelques dérives
populistes (24).
Mais selon Marcel Barbu il s 'agit seulement de donner un visage humain,
un interlocuteur visible à la population qui serait au sein du pouvoir
pour les défendre.
Derrière cela il y a surtout l 'idée que les candidats
élus par le peuple consfisquent le pouvoir et qu 'une fois élus
les électeurs n 'ont plus de moyens de pression pour se faire entendre.
Idée confirmée par sa deuxième mesure symbolique
: l 'instauration d 'un référendum d 'initiative populaire.
Instauration qui doit être une réponse au « piège
que représente le référendum d 'initiative gouvernementale
» (25).
Une chose est clair pour Marcel Barbu : il y a bien deux forces, le
pouvoir et l 'opinion, qui doivent avoir des moyens démocratiques
parallèles.
Même le référendum, qui est une proposition faite
au peuple qui peut l 'accepter ou non, est vu comme un piège. Marcel
Barbu pense sans doute que ce moyen de consulter les français n
'est pas légitime car il ne vient pas des français eux-mêmes.
La façon de gouverner un pays doit venir de la synthèse
de la pensée des citoyens français qui ne doivent pas se
contenter d 'acquiescer ou non.
Mais le candidat est conscient du risque qu 'il y ait des millions
d'électeurs réclamant autant de référendum.
C 'est pourquoi là aussi il annonce des moyens concrets pour éviter
de faire du «référendum d ‘initiative populaire
une arme instituée pour entraver l ‘exercice du pouvoir» (26).
Il propose que les référendums puissent se faire à
partir d 'un seuil de 50 000 ou 100 000 signatures et que les modalités
exactes de l 'organisation soient définies lors d' « une épreuve
style concours de la chanson » (27).
Décider à la télévision des termes exacts
d 'un référendum, et non dans les assemblées est un
nouveau signe que selon lui les élus du peuple ne le représentent
pas.et qu 'il ne faut aucun intermédiaire entre le peuple et l 'idée
qu 'il se fait des dirigeants.
Lorsqu 'il fut député en 1946 pour faire voter son projet
sur les communautés de travail il ne pensait pas autrement sinon
il ne serait pas allé lui même à la chambre pour passer
sa loi
Désormais avec ce référendum plus besoin de passer
par cette élection. Un groupe social, ethnique, une classe d 'âge
auraient ainsi un moyen légal pour proposer des lois ou mettre a
jour un thème de débat au niveau national. Ces groupes qui
sont dilués sur l'ensemble du territoire lors des élections
traditionelles n 'auraient plus à agir dans la rue ou en coulisse
pour faire entendre leurs revendications.
D 'ailleurs sa troisième proposition va dans ce sens, il s'agit
de l 'accés aux médias des candidats après l 'élection.
Il est vrai que la télévision est tenue par le général
De Gaulle dans les années soixante et que même lors de la
campagne l 'accés des candidats de l 'opposition pose des problèmers
(28).
Marcel Barbu promet ainsi sans artifice aux électeurs : «
si vous votez pour moi, les candidats parleront comme ils voudront quand
ils voudront, sans censure » (29).
Il s 'agit encore d 'ouvrir les vannes de la démocratie et du
dialogue entre le gouvernement élu et les candidats n 'ayant pas
obtenu les suffrages nécessaires mais disposant quand même
d 'un capital suffisant.
Mais en fait cette proposition est un souhait affiché de Marcel
Barbu de pouvoir continuer à s 'exprimer une fois le premier tour
passé. Car les autres candidats ont un parti, des représentants
élus, des députés sur lequels s 'appuyer pour continuer
à se faire entendre.
Sa proposition va s 'affiner progressivement pour arriver au souhait
que le seuil médiatique soit fixé à 5% car «
un candidat ayant obtenu 5% des voix représente un courant populaire.
Le temps alloué à chaque personnalité de l 'opposition
serait d 'environ 1h30 » (30).
Ce qui montre au passage qu 'il pense récolter plus de 5% des
voix, sinon poser ce seuil n 'aurait aucun intêrét stratégique.
Ces trois grandes propositions sont au final des traductions concrètes
de la conception de la démocratie selon Marcel Barbu.
Mais ce n 'est que l 'iceberg qui a été le plus exposé
dans les médias car ces promesses de campagne sont les plus
réalisables et celles pouvant le plus séduire les électeurs,
leur proposant des moyens d 'agir sur le gouvernement et d 'exercer leur
rôle de citoyen de façon continue.
La promesse touchant l 'accés aux médias des candidats
éliminés en fait aussi partie, étant un moyen de prouver
aux électeurs qu 'une fois l 'élection passée les
voix ne seront pas perdues et oubliées mais continueront
à être défendues par le candidat.
En fait le programme de Marcel Barbu dans son ensemble tel qu 'il est
exposé dans sa profession de foi, un programme en huit points, est
réellement comme il l 'avait annoncé un programme insolite.
Il comporte trois thèmes essentiels avec comme colonne vertébrale
le souci de dialogue permanent pouvoir-citoyens. Trois thèmes qui
se situent à trois niveaux de la participation citoyenne.
Ce qu' il propose dans son programme est plus qu 'une nouvelle constitution,
c 'est une réorganisation en profondeur
Ces trois couches qui se superposent peuvent être synthétisées
ainsi : asssurer la participation directe et quotidienne de tous les citoyens
au destin de la nation, réorganiser les structures communales pour
qu 'elles deviennent les cellules de base de l 'état, réorganiser
les rôles et attributions des structures de gouvernement pour assurer
une meilleure efficacité et continuité notamment en cas d
'alternance du pouvoir .
Le programme du candidat veut donc agir au niveau de l 'individu, puis
de la commune transformée en communauté et enfin de l 'état
avec une réorganisation des institutions.
Sans trop détailler, une étude de ces aspects est très
révélatrice sur la façon dont Marcel Barbu a recyclé
son expérience des communautés de travail pour la proposer
aux français.
En ce qui concerne l 'individu, le référendum d 'initiative
populaire et le ministère des droits de l 'homme constituent les
deux socles de cette nouvelle participation directe, nul besoin d 'y revenir.
Au niveau communal ce qu ' il propose est véritablement
révolutionnaire.
Lorsqu'il présente son programme dans sa profession de foi le
candidat tient bien à préciser qu 'il n 'est pas utopique
et en avance avec comme preuve qu'il l'a bâti «à partir
d 'essais antérieurs, donc de réalités »(31).
Lors de ses interventions télévisées il n 'hésite
pas à décrire longuement les « communautés de
travail dont [il] est le fondateur où les biens de production ont
été mis en commun entre chefs de famille» (32).
Comme les autres prétendant qui s 'appuient sur leurs expériences
précédentes de gouvernement pour montrer qu 'ils tiennent
leurs promesses, qu 'ils ont réalisé des lois qui perdurent,
et donc que les français peuvent les croire, Marcel Barbu s 'appuie
lui sur ses réalisations en tant qu 'entrepreneur. Il agit dans
la démarche comme un candidat traditionnel même si il va chercher
cette compétence hors du domaine politique.
Il est vrai aussi que ce préalable est nécessaire tant
son programme communautaire est en rupture.
D 'abord dans sa profession de foi il part d 'un constat du découpage
des communes pour en souligner l 'absurde : «il est anormal de soumettre
au même régime Bordeaux (300 000 habitants) et Combovin (254
habitants)» (33).. Face à cette situation il propose de redéfinir
le niveau communal «par des critères de nombre d’administrés
et de superficie»(34).
Proposition qui peur sembler normale mais c 'est dans l 'organisation
interne de ces nouvelles communes que va se faire la touche du Barbu communautaire.
Il propose de diviser ces communes en «groupes d’environ cinquante
foyers, par cooptation ou par désignation» (35).
Ces groupes ayant des pouvoirs régaliens à l 'intérieur
pour la politique, le social ou l 'administration.
Marcel Barbu ne s ' explique pas complètement sur le fond de
cette idée dans sa profession de foi mais dans la presse où
il n 'hesite pas à préciser qu' « on concevrait très
bien que la France puisse vivre avec des communes qui auraient des statuts
différents. Il serait possible pour M Barbu que des communes de
type kolkhozien puissent voisiner avec des communes de type fasciste »
(36).
Une remarque s 'impose : ce qu 'il propose aux électeurs est
un compromis entre les communautés de travail créées
après la guerre et son association de construction créée
à Sannois (37).
De l ' ACGIS il reprend l 'organisation en petits groupes de cinquante
personnes. D 'ailleurs comme c 'est le cas pour son association il indique
aussi dans sa profession de foi que «là où la chose
semblera nécessaire, des groupements de groupes de foyers pourront
être créés» (38).
Si la structure est celle de l ' ACGIS , l 'organisation interne est
celle de ses communautés.
Comme il le précise dans une intervention télévisée
une semaine avant le premier tour, en parlant de son expérience
passée comme chef de communauté et comme il le pensait déjà
vingt ans plus tôt: «de telles organisations prouvaient que
les français sont capables de collaborer et de coopérer entre
eux et que de tels systèmes communautaires sont des sources de bienfaits
et d 'espoir » (39).
Lors de cette même allocution il rappelle aussi, toujours selon
son expérience, que ce système permet «l ' organisation
de cours pour l 'enseignement des ouvriers pendant des heures gagnées
sur le temps de travail normal» (40).
Il veut donc recréer à l 'échelle nationale ce
système. Système qui ressemble moins à de la décentralisation
qu 'aux phalanstères de Fourier du dix-neuvième siècle
Comment imaginer qu ' en France des cellules kolkhoziennes et fascsites
puissent voisiner et que l 'unité politique de la France puisse
ainsi être remise en cause en créant des clans et même
des tribus sans représentants du pouvoir ni de l 'administration?
Comment casser concrètement les liens sociaux horizontaux et
verticaux de la société du milieu du vingtième siècle
sans en imaginer les conséquences inimaginables?
Marcel Barbu veut-il réellement créer une France divisée
en dizaines de milliers de communautés de travail?
Il oublie un aspect essentiel : c 'est que les ouviers qui venaient
à lui, les mal-logés qui viennent dans son association le
font de façon volontaire et connaissent tous une situation sociale
particulière.
Le fait qu 'il imagine que les foyers de cinquante personnes puissent
être créés par cooptation ou désignation est
bien la limite de cette conception des communautés.
Tout ceci n 'est évidemment pas réalisable.
Ce qui est intéréssant c 'est que Marcel Barbu imagine
que ce qui a marché pour lui socialement, que les efforts
faits pour éduquer ses ouvriers ou cette usine dont il a décidé
de céder ses droits de propriété à ses camarades,
peut être reproduit dans la France entière.
En se présentant comme le candidat du peuple, il pense que l'identification
marche dans les deux sens et que les français sont les mêmes
que ses ouviers ou ses mal-logés.
Et donc que les solutions ayant connu du succés pour les Barbus
fonctionneront pour les français.
Peut-être là aussi les lettres qu 'il a reçu, le
mur formé par les membres de son association ont-ils été
un miroir déformant et la cause de cette appréciation.
Mais en même temps quelle autre proposition et solution sociale
pour rendre les français heureux aurait pu faire Marcel Barbu que
celle tirée de son expérience?
Ces propositions sont surtout dûes au constat que les hommes
au pouvoir ne remplissent pas leur rôle de représentant
au service des français. Et qu 'il faut aussi réformer l'organisation
de ce pouvoir.
La façon dont il considère le fonctionnement actuel de
gouvernement de la France se mesure de la façon dont il veut
gouverner si il est élu.
Pas de dissolution de l 'Assemblée, ni même de changement
de gouvernement si il arrive au pouvoir.
Il considère les hommes en place comme des techniciens de gouvernement
et non comme des hommes pouvant répondre aux attentes de la population.
Ainsi si il ne veut pas changer les représentants actuels de
l 'Assemblée il l 'explique ainsi : «si je suis élu
je ne dissoudrai pas l 'Assemblé Nationale. Les députés
actuels sont si dociles ... alors pourquoi les changer?» (41).
Quant aux ministres : «je ferai travailler Couve et Pompidou
... ils recevront d ‘autres instructions, voilà tout! »(42).
Il n 'a pas la volonté non plus de créer un parti d 'Assemblée
ni de placer des hommes de son association au sein du pouvoir. Ce qui montre
qu 'il a conscience de l 'originalité de sa candidature, celle réellement
d 'un homme seul, sans aucun appareil et qui devrait s 'appuyer sur le
pouvoir en place pour gouverner.
Sa conception de la fonction de président de la république
est elle aussi insolite. Dans sa profession de foi il écrit que
si il est élu, il « n’accepterait le mandat de président
de la République que pour deux ans au maximum» ((43).
Marcel Barbu serait-il un prédécesseur méconnu
de l 'idée involontairement mise en pratique par Jacques Chirac
en 1997 ?
L 'explication qu 'il donne est une auto-dissolution : «je donnerai
ma démission, après avoir réalisé les réformes
prévues à mon programme»(44).
De même que le Marcel Barbu député en 1946 avait
démissionné après avoir fait passer sa loi sur les
communuautés de travail, le Marcel Barbu président agira
de la même façon.
Il a une conception complètement désacralisée
du pouvoir, qui n 'est pas une occupation de fonction en tant que telle
mais un moyen de faire appliquer ses idées.
Dans sa profession de foi il prévoit aussi une réforme
de fonctionnement des ministères : «je désignerai,
auprès de chaque membre du gouvernement, un ministre suppléant
choisi parmi les membres de l’opposition susceptibles de collaborer avec
le titulaire du portefeuille. Ce « ministre suppléant »
aura accès à toutes les activités ministérielles
de son département et à tous les conseils du gouvernement.
Il n’y bénéficiera que d’une voix consultative. Il assurera
l’intérim du titulaire, en cas de besoin»(45).
Le but est de permettre une alternance facile du pouvoir.
Penser que les français puissent voter pour un président
en sachant qu 'un ministre de l 'opposition pourrait le remplacer et non
un autre membre de la majorité est là aussi difficile à
imaginer.
Marcel Barbu n 'a pas non plus une conception idéologique du
pouvoir.
Il n 'y a pas de politique différente de la droite ou la gauche,
il n 'y a qu 'une seule voie de gouvernement, celle qui rend les français
heureux, celle qui leur donne un accès continuel à l 'appareil
de gouvernement.
Les homme d 'état, l 'Assemblée ne sont que des applicateurs
dociles de la politique de gouvernement.
Mais pour comprendre ses propositions, il faut les mettre en perspective.
Elles sont plus que celles d 'un homme, elles sont aussi révélatrices,
dans des proportions difficiles à évaluer, de l 'opinion
publique face à la politique du général De Gaulle.
Un général qui gouverne depuis sept ans sans accès
démocratique de l 'opposition à la télévision,
avec une constitution taillée à la mesure d 'un chef de l
'état qui selon Marcel Barbu a confisqué le pouvoir,
réduit le pouvoir législatif à la docilité
et l 'opposition à l 'inaction.
En empêchant en plus cette opposition de se relever car elle
n 'a pas accès aux dossiers ni aux médias.
Derrière chacune de ces revendications parfois utopistes dans
leur ambition à être appliquées de façon globale
sans aucun discernement mais qui viennent de l 'expérience d 'un
français ayant effectué de réelles réalisation
sociales et humaines, il y a la revendication du français a être
plus écouté par le gouvernement.
Il veut avoir l'impression hors de tous les grands dossiers de politique
extérieure et intérieure que sa voix est prise en considération.
Cette candidature est aussi assurément un signe de malaise et
révélatrice sans doute qu 'un lien est cassé entre
le général De Gaulle et une partie de la population.
Si Marcel Barbu indique dans sa profession de foi que les propositions
directes qu 'il fait pour rétablir le dialogue avec le pouvoir le
« dispense[nt ] d’afficher sur la force de frappe, le Marché
commun, la politique étrangère ... et même le logement
des positions d’autant plus contestables que je n’ai jamais eu accès
aux dossiers officiels de ces problèmes si graves. » c 'est
aussi qu 'il pense consciemment ou non que les français réclament
autre chose d 'une élection présidentielle (46).
Ils veulent peut être aussi, comme l 'a remarqué Marcel
Barbu, que les candidats ne viennent pas seulement avec des programmes
d 'hommes d ' état où les nobles pensées sonnent creux.
Lui qui veut mener la campagne de l 'homme contre celle de l 'argent
mène aussi celle de l 'homme contre les techniciens.
D 'où sans doute sa proposition d 'un vice président
de la république qui serait en charge du ministère des droits
de l 'homme et donc des préoccupations réelles des électeurs.
Marcel Barbu peut être un représentant d 'une frange de
l 'électorat qui n 'a plus foi dans la politique, qui ne se manifeste
pas d 'habitude lors des élections traditionnelles et peut s 'associer
à sa dénonciation et se reconnaître dans le combat
qu 'il dénonce
Face à ce programme tellement novateur, ambitieux, en rupture,
et utopique; face à cette dénonciation des hommes au pouvoir
simples éponges de la politique du chef de l 'état et de
l 'administration-relais qui écrase les initiatives citoyennes locales;
face à cette demande d'une politique plus directe et plus physique
avec l 'électeur, comment vont réagir les autres candidats?
Rapports entre ce candidat et les autres qui se posent aussi pour Jacques
Cheminade qui attaque également le pouvoir en place mais en tant
que complice des oligarchies et pour son inaction alors que la France est
sur le Titanic?
Comment ces deux discours qui ont une vraie originalité dans
leur démarche vont s 'insérer dans le débat politique?