Mes amis, bonsoir.
L.’actualité va vite.
Je me suis rendu donc à l’Elysée et l’idée m’est
venue, chemin faisant, qu’il était peut-être honnête
de profiter de cette proximité pour poser une dernière fois
au général de Gaulle la question que déjà je
lui avais présentée hier. J’ai été reçu
par M le chef du servlce de presse, M. Pérol et, après un
court entretien, M Pérol a tenu à me taire une nouvelle réponse
du général à ma lettre.
Il n’était plus question de temps perdu. Le général déclaralt avoir pris connaissance de ma lettre. Il avait vu et entendu à la télévision ce que les journaux ont appelé ma « supplique au général ». et, me disait-on, « le général qui répond toujours, répondra à votre lettre. Mais il ne pourra le taire qu’après le 5 décembre, car il estime que le président de la république, qu’il est encore, ne peut entamer de pourparlers électoraux avec le candidat que je suis.Il y va, pense-t-il, de la dignité de sa tâche »
On a le droit d’être de cet avis, pour ma part, je suis résolument
contre. Ça n’est pas le lieu de m’en expliquer, mais malgré
tout, j’ai exposé à M. Pérol que je pensais sur ce
point.
Par contre, M. Pérol m‘a répondu de la part du général,
et m’a autorisé du reste à faire connattre que le général
n’avait reçu ems messages ni comme une injure, ni comme une manœuvre
politique et que le contact n’était pas rompu, mais seulement remis
à plus tard.
J’ai avisé M. PéroI, loyauté pour loyauté, du contenu de mon dernier enregistrement et des conclusions que j ‘avais fait connaltre à tout le pays. Conclusions du reste que les nuances nouvelles apportées par la réponse du général de Gaulle ne modifiaient en aucune manière. Je lui ai donc dit que j’étais décidé tout faire, ou tout au moins, comme cela ne dépend pas de moi, à conseiller de tout faire pour rendre inévitable un deuxième tour clarificateur, que pour cela je n’avais pas hésité à demander à ses électeurs, les électeurs gaullistes, de porter leurs voix sur mon nom, Marcel Barbu, afin tout à la fois de faire savoir eux-mêmes au général qu’ils approuvaient l’essentiel de notre position et qu’ils exigeaient que des pourparlers soient Immédiatement engagés en vue de déterrminer ce qui pouvait être retenu de ces propositions et afin que des engagements Irrévocables soient pris devant la nation tout entière avant le deuxième tour.
Enfin, il s’agissait de m’assurer de la possibilité de conserver l’accès à la radio et à la télévision, grâce à l’obtention de ce minimum de 5 % de voix exigé par moi-même dans mes propres propositions. Et je croiis que le poids que mon passage dans ces élections aura pesé me permet honnètement de revendiquer cette possibilité.
Que me reste-t-il à faire?
Tout d’abord un appel à mes amis. Comme je le pressentais, tout le monde est troublé. Ceux de droite, ceux de gauche, puisqu’il y a de tout chez nous, se demandent bien ce que peut signifier mon attitude. Chacun aurait voulu que je prenne parti pour ou contre tel ou tel. Il y a heureusement l’énorme groupe de gauche qui sont la quasi-totalité, qui eux me font confiance et qui sont bien de cet avis que, peu mi-porte d’où vient le bonheur du peuple, pourvu qu’il vienne réellement.
Je demande donc à tous mes amis, quelle que soit leur nuance
« Votez bien sûr, si vous êtes membres d’un parti, comme
votre parti vous le demandera ». Vous l’eussiez fait en toutes circonstances;
par conséquent cela ne changera rien à rien, mais à
tous les autres, je dis « Votez fermement Barbu, Barbu n’est pas
un traitre » .. Et à tous ceux de France qui nous ont envoyé
une adhésion sincère, forte, je dis aussi
« Votez n’ayez pas peur, la trahison n’est pas, ne sera jamais
mon fort ..
Je lance ensuite un appel aux électeurs du général de Gaulle. Il y a parmi eux des fanatiques. Eh bien! Mon Dieu! à eux aussi je dis « Allez voter, votes de Gaulle » .. il en faut bien un peu. Aux autres, par contre, à ceux qui sont sincèrement désireux de voir venir, de voir naitre un régime de respect de la personne humaine, à ceux-là je dis « Votez Marcel Barbu » et, prenez avec humour ce que je vals vous dire. Ça n’est pas pour vous piper vos voix, je ne suis pas un pécheur de voix. C’est pour mettre gehtiment vos voix à la glacière pendant quinze jours. Vous en disposerez ensuite, bien entendu, comme bon vous semblera ..
Je lance enfin un appel aux électeurs de la gauche et je leur dis « Votez, bien sûr, comme vous avez décidé de le faire, mais réfléchissez bien, faites-le en toute bonne foi à partir de ce critère le vrai bonheur du peuple et non pas le triomphe de mon parti ». Je ne vous en dirai pas davantage. Je vous demande simplement d’aborder les quinze jours qui viennent qui, à mon avis, vont être décisifs, dans cette lumière-là.
Conclusion il nous faut donc imposer le ballottage. Il faut pour cela
que tous les amis de Barbu votent pour Barbu afin d’obtenir du général
de Gaulle qu’il accepte le dialogue et l’engagement avant le deuxième
tour. Il faut ouvrir un large et clair débat entre les deux derniers
candidats. Nous verrons bien ce qui en sortira. Les Français, ensuite,
jugeront et choisiront, mais vraiment en toute clarté. D’ici au
19 dé-cembre, je demanderai seulement une petite faveur, j’espère
bien l’obtenir que me soit garantie la participation aux pourparlers et
le droit d’en rendre compte, jour après jour, à tous les
Français.
Donc je peux remplacer M. Benedetti très avantageusement au
journal parlé le soir par exemple (le monsieur qui dit « Barbu
» avec un geste éloquent...).
Qui donc aurait peur d’une telle démarche, de Gaulle, Mitterrand? Je n’en ai pas peur moi, qui suis un rien du tout Et souvenez-vous, Français, que votre liberté, que votre avenir, celui de vos gosses, sont entre vos mains et je ne ris plus.
Le risque est nul, croyez moi, le dimanche 5 décembre, mes amis,
mes copains, votez pour Marcel Barbu, et vous gaullistes non fanatisés,
votez aussi pour Marcel Barbu. Vous savez bien que je n’ai d’autre ambition
que de rétablir notre liberté d’hommes par l’amour, par la
justice et par la vérité. Et, cette première tâche
accomplie, je crois avoir fait courageusement mon devoir. Je vous avoue
que depuis vingt ans je me sens enfin libéré dun poids qui
me pesait sur la conscience et que, pour une fois, une fois depuis vingt
ans, c’est de tout mon coeur que j’ai envie de crier « Vive la France!
»